Prises de paroles

 

Jeudi Saint

En toute chose
aimer et servir

 

Bonjour à toutes et à tous.

Nous sommes heureux de vous souhaiter la bienvenue dans cette église, vous
qui êtes habitués de St Merri et vous qui êtes de passage, vous qui venez
en voisins et vous qui venez de plus loin.
Ce soir, six enfants de notre communauté vont recevoir pour la 1ère fois la
communion : Adèle Corentin Inès Marie Martin Samuel

Trois mots traversent les textes d'aujourd'hui : Amour, Renversement et
Service
Ce soir, nous accueillons ces enfants avec ces trois mots et nous avons
envie de leur dire :

Amour, Renversement et Service

Amour
Dieu nous aime, Dieu s'offre continuellement à nous.
Et cet amour de Dieu est absolument Inconditionnel, Constant et
disponible Immédiatement.

Alors que me faut-il faire pour recevoir en partage cet amour, telle
était la question à Jésus de l'homme riche en biens et en oeuvres?

Renversement
Jésus nous propose une logique d'un tout autre ordre qui n'est pas
celle du mérite ou de l'effort mais celle de le suivre
....car on ne peut pas se sauver soit-même...il n'y a rien qu'on
puisse faire pour atteindre le royaume ...seul Dieu peut ....il faut
le recevoir, l'accueillir.....le suivre

Service
Quand tout à l'heure vous , qui allaient faire pour la première fois
votre communion et nous tous, quand vous mangerez ce pain, mangez-le
de telle sorte que le pain devienne la vie et la personne de Jésus.
Dites oui.
Sentez que vous êtes en contact avec le monde, les autres et Jésus.

Alors enfin, vous faites la place à la lumière, à Dieu.

Alors tout, les gens et les choses, change et se transforme positivement.
Alors nous passons à l'action et savons ce qu'il faut faire.

François Soubrier

Certes, il n’y a pas que compétitivité à outrance dans notre société.
Certes la force n’a pas toujours le dernier mot.
Certes, le puissant ne l’emporte pas à chaque fois.
Certes, le chef n’a pas perpétuellement raison.
Et pourtant…si le Christ est pour nous la raison d’être et celui qui donne sens à notre vie c’est justement parce qu’il a chamboulé, bouleversé et renversé l’ordre des choses, l’ordre établi, l’ordre social. Il a renversé les hiérarchies et les rapports de force, l’ordre des mérites, des vertus, des valeurs et des honneurs. Dorénavant celui qui pardonne n’est pas un lâche. Celui qui n’est pas premier n’est pas un perdant. Celui qui donne la place à l’autre n’est pas un faible. Celui qui aime n’est pas un pauvre type.
Parce qu’il nous a aimé jusqu’à l’extrême il a renversé les systèmes, les normes et les dogmes. Parce qu’il nous a lavé les pieds et parce qu’il s’est donné entièrement et gratuitement il a révolutionné le monde. En bouleversant le monde il a créé la fraternité et il nous la donne, gratuitement, encore et toujours, dans son corps rompu.

Jésus Asurmendi


Méditation à la manière d’une Prière eucharistique


Une fois n’est pas coutume. Nous voilà réunis à ton invitation un jeudi soir. Mais quel soir. Réunis en effet pour te rendre grâce. Et si à chaque fois que nous nous réunissons pour te rendre grâce il y a une et mille raisons de le faire, aujourd’hui elles se bousculent dans notre cœur et dans notre bouche. Comme il nous faut prendre les choses l’une après l’autre, aujourd’hui c’est ce soir mémorable, ce dîner unique et exemplaire de la veille de la mort de ton Fils, Jésus de Nazareth notre Seigneur que nous célébrons. Oui, nous te remercions pour ce dîner que Jésus notre Seigneur a partagé avec ses amis. Car à ce qu’il avait dit et fait pendant toute sa vie, lors de ce dernier repas, il l’a donné corps et chair. L’offrande totale, le don de la vie il l’a manifesté dans et par le don de son corps, de sa vie, du pain et du vin. Il a accompli ainsi par des gestes, des signes et des paroles ce qu’il réaliserait les jours suivants : l’amour jusqu’à l’extrême, le service jusqu’à rendre l’âme, le service absolu. Cet amour qui ne peut s'acheter, ni se prêter, ni se voler.
Nous te remercions aussi parce qu’aujourd’hui notre table s’agrandit et le nombre de convives augmente ; quel plaisir que de partager, quelle joie que d’allonger l’espace de la communion, quel bonheur que de casser les frontières et d’ouvrir les portes à d’autres. Pour ces nouveaux jeunes frères et sœurs, partageant avec nous le repas du Seigneur nous te remercions.
Tu sais bien, Dieu notre Père, que nous ne sommes pas particulièrement futés. Pour rendre visible ce qu’il faisait, pour le dire avec des images qui marquent et des paroles qui pénètrent le cœur, il a lavé les pieds à ses disciples, Lui le maître. Nous te remercions pour ce geste bouleversant qui dit l’amour sans limites et le don de la vie. Nous te remercions parce que personne n’osera dire qu’il ne comprend pas ce geste, ce don. Nous te remercions parce nous avons bien entendu qu’il faut que nous nous lavions les pieds les uns les autres, que nous devenions serviteurs les uns des autres, que nous devenions frères.
Par Lui et pour Lui, notre Serviteur, notre Seigneur, notre Frère nous te chantons.

C’est une chose que de te louer et te remercier et une autre que de mourir sur la croix. Quoique. Non seulement il t’a loué par sa vie mais il t’a loué par sa mort. Oui, il a fait de sa mort une louange. Non pas qu’il ait vécu sa mort à la légère, en chantant des alléluias ! Au contraire, en pensant à ce qui l’attendait il en a transpiré, du sang. Oui. Du sang. Mais c’est parce que sa croix était un don, le sommet d’une vie faite de don gratuit ; parce que sa croix était expression de la violence mais aussi de l’amour absolu et désintéressé, que sa mort a été et est une louange. Une louange à l’amour, un chant à la vie que tu lui as donnée, le poème de la fraternité. Car, par ton Esprit, il est devenu le vivant. Pour tous. Pour toujours. C’est pour cela que nous te demandons en ce soir où nous célébrons d’une manière particulière ce soir célèbre que ton Esprit fasse de ce pain et de ce vin le Corps donné et le sang versé de notre Seigneur et Frère Jésus, ton Fils. Lui qui la veille de son assassinat prit du pain et le partagea avec ses amis.

Soir mémorable. Nous en faisons le mémorial. Nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, le créateur de la fraternité entre les hommes. Nous attendons le retour de notre Frère, le Seigneur.
Mais la fraternité ne va pas de soi. Elle se construit, se demande, se prie, se reçoit.
On a du mal à nous laver les pieds les uns les autres. Le sentiment de supériorité et la suffisance, voilà des obstacles à la fraternité.
Et pourtant notre avenir est de devenir frères en Christ.
Et en constatant que nous sommes tous en manque de fraternité, que le déficit de fraternité est immense dans nos sociétés et dans notre Eglise, en expérimentant que nul n’a plus besoin de fraternité que celui qui ne peut la créer, la provoquer et la recevoir, nous te demandons :
Que tous ceux qui partagent le repas du Seigneur, que tous ceux qui rompent le pain ensemble, le Corps du Christ, qu’ils deviennent tous le corps du Christ, l’Eglise véritable . Qu’ils deviennent semence de fraternité, ferment de renversement du monde, sel de la terre et lumière de l’humanité.
Que les nouveaux venus à la table du Seigneur, apprennent aussi, comme nous à laver les pieds aux autres, à vivre dans la communion, la paix, la joie et la justice.

Jésus Asurmendi