Prises de paroles

 

Célébration des Rameaux 01 04 2007

Homme Debout/Serviteur - Pardon/Fraternité

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Notre célébration d’aujourd’hui s’inscrit dans le prolongement la journée qui était consacrée hier à « L’Homme Debout » et à la Fraternité. Quel lien y a-t-il entre la Fraternité de l’Homme debout et notre Eucharistie d’aujourd’hui ? Quel éclairage les textes que nous propose la liturgie apportent-ils à ce sujet ?

Nous fêtons les Rameaux. Nous avons tous en mémoire ce récit de l’Evangile où Jésus entre dans Jérusalem, acclamé comme un héros par une foule en liesse. Mais Jésus choisit d’écouter une autre voix, qui va le conduire précisément sur le chemin de l’Homme Debout : il va faire face avec lucidité au Réel extrême de la condition humaine, le Réel de la souffrance, le Réel de la mort. C’est le moment de la Passion, dont nous allons entendre le récit.

Ce qui anime Jésus au moment de sa Passion , c’est l’Esprit du Serviteur qu’il a puisé dans les Psaumes et les Prophètes, en particulier Isaïe. Abandonné par ses frères, objet de haine et d’humiliation, il s’engage très loin dans la voie du dépouillement. Il ouvre ainsi un espace pour ce qui est essentiel en l’Homme, par le don total de sa personne. C’est le don accompli - celui du corps livré aux hommes et celui de l’esprit remis entre les mains du Père - c’est, au sens étymologique du terme, le Pardon.

Cet Essentiel de l’Homme, où s’accomplit le don, chacun de nous est invité à s’y retrouver et s’y reconnaître. Il s’agit de ce que Jésus appelle l’Esprit du Père, c’est à dire notre origine, le noyau dur et irréductible de ce qu’est chaque homme. C’est ce à quoi nous tenons et c’est ce qui nous fait tenir debout et nous respecter, dans notre dignité d’homme. Dans cette communauté d’origine, de condition et de destin, nous pouvons nous reconnaître et nous déclarer Frères avec tous les hommes, dans et avec le Christ. Il nous reste à vivre cette Fraternité.

Marc Saint-Raymond

Commentaires inserrés pendant la lecture de la Passion

« Le rideau du Temple se déchira par le milieu".

Quand j’étais enfant ce passage me faisait frémir, surtout dans l’Evangile de Matthieu, qui ajoute : « La terre trembla, les rochers se fendirent ! »

Aujourd’hui j’apprécie la sobriété du récit de Luc.

La mort de Dieu n’est pas un échec : le rideau du Temple qui séparait du monde la partie la plus sacrée du bâtiment, ce rideau se déchire, signifiant que Dieu devient accessible à tous et à tout moment.
L’apôtre Paul saura le rappeler : « Il n’y a plus ni juifs, ni païens, ni homme, ni femme, ni maître, ni esclave …
Dieu est venu pour tous.

Pourquoi alors recréons-nous des barrières, des institutions, pourquoi ce besoin de grands prêtres et de notables ?
Ne pourrions-nous simplement accompagner Dieu dans son dessein de Fraternité ?

 

« Père : pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Le Pardon, un acte risqué ; c’est l’acte des forts car c’est un acte de liberté !
Celui qui pardonne crée une autre relation : c’est un appel pour que le mal n’ait pas le dernier mot. Le pardon est un acte créateur, il délivre le pécheur

Jésus ne pardonne pas abstraitement. Le Pardon de Dieu est lourd de toute son histoire, de tout ce qu’il a dû porter pendant sa vie terrestre ; si la mort est la conséquence du péché, le pardon est a-venir, il est déjà résurrection.

Comment pourrons-nous dans une semaine entrer dans la nuit pascale, si nous n’inscrivons pas dans notre vie des signes de pardon, des actes de pardon pour ouvrir une autre histoire avec ceux parfois si proches que nous avons sortis de notre paysage ?

Comment oserions-nous demander le pardon de Dieu si nous ne pardonnons pas à notre frère

« Je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis »
Jésus est là à souffrir sur la croix - Jésus, Homme Debout jusqu’à la fin - comme dit l’apôtre Jean… « il avait toujours aimé les siens, il les aima jusqu’au bout ».

Jésus, Homme debout, n’est pas enfermé dans sa souffrance, il est le frère de celui qui souffre comme lui, qui n’exprime que la demande ultime de celui qui va mourir… » souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne ».

Qu’importe si son châtiment est mérité aux yeux des Hommes. La réponse de Jésus, sa dernière parole juste avant sa mort est fulgurante. « C’est aujourd’hui que tu seras avec moi dans le Paradis »
Il reçoit ainsi la promesse du Salut de Jésus est venu apporter pour la terre entière.
Et nous, savons-nous accueillir nos frères sans conditions ?

Jean-Marc Lavallart

Joseph

Joseph, cet ami, ce frère.
Cet homme bon et juste. Et libre jusqu’à demander à Pilate, le corps de Jésus.
N’est ce pas dans ce que nous avons de plus humain que Dieu vient nous chercher car c’est là qu’est le plus juste et le plus fraternel ?
Se laisser trouver dans notre quotidien et nos recommencements.
Se laisser habiter par autant de visages que de frères à aimer.
Prendre le risque de recevoir ce mouvement de Dieu vers nous, à travers nous.
Et décider de le suivre dans un élan qui nous dépasse car il est cette force qui révèle et dévoile la promesse.

Réveil

Cette parole nous atteint au plus profond de nous-mêmes, car cette parole n’est pas des mots ou des idées.
Elle est des décisions, des comportements, des engagements. «Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne».
Il faut que de la peur surgisse le courage.
Il faut que du sommeil émerge le réveil.
Il faut sans cesse se remettre à vivre, à croire.
Nous n’avons que cette parole scandaleuse que nous devons mettre chaque jour à l’épreuve pour nous faire prendre le risque de la fraternité.


Serviteur

Jésus qui s’affranchit de son rang pour prendre la condition de serviteur ; Jésus qui se dessaisit de tout pouvoir pour devenir l’un de nous.
Par Lui et en Lui, laissons-nous devenir serviteur.
Servir pour convertir nos étroitesses en chemin de libération.
Servir pour rendre possible la relation, l’alliance.
Servir pour laisser passer la vie à travers nous - cette vie qui vient d’une source très en amont de nous-mêmes.
Servir ? N’est-ce pas là que se niche d’abord et avant tout la fraternité ?
Fraternité, Liberté, Egalité

Marie-Béatrice de Lassat

Méditation pour le dimanche des Rameaux à la manière d’une
Prière Eucharistique


Dieu notre Père nous voilà ensemble pour te remercier. En ce dimanche de Rameaux commence la semaine où nous allons célébrer, invités par toi, les différents facettes et moments de la Passion et résurrection de ton Fils, Jésus de Nazareth, notre Seigneur. Nous te remercions pour lui car c’est lui qui véritablement a établi et instaurée la fraternité avec nous et parmi nous. C’est lui qui manifeste par ses paroles et ses actes, tout au long de sa vie, que la fraternité est une expérience, une conviction et un combat. C’est lui qui, comme le dit Luc dans son récit de la Passion, en marche et en chemin vers le lieu de son supplice, guérit le serviteur du Grand Prêtre à l’oreille coupée par l’un de ses disciples ; c’est lui qui console les femmes qui pleurent sur son sort. Lui qui du haut de son gibet pardonne ses bourreaux, promet à l’un des malfaiteurs le paradis pour le soir même. C’est lui qui se met entre tes mains au moment de mourir. Voilà la fraternité en parole et en action. Oui, nous te remercions car le pardon et la réconciliation nous sont offerts par Lui en ton nom base et fondement de la fraternité entre les hommes et de la communion entre Toi et les hommes.
Oui nous te remercions car la fraternité est un élément essentiel, nécessaire de notre identité humaine et chrétienne. Merci aussi car tu nous apprends que faire des choix ensemble dans la construction de notre société est la meilleure façon de vivre pour chacun. C’est ainsi que nous pourrons être avec toi des créateurs et des inventeurs d’un monde neuf, agréable, joyeux, jouissif : une vraie communion. Un monde d’où l’on aura exilé pour toujours le « malheur aux vaincus », où la compétition ne sera pas la norme ni à l’école ni dans le travail, ni dans les loisirs ni dans le repos. Un monde où la gratuité et le souci de l’autre seront les rois.
Oui nous te remercions pour ce pardon offert, pour cette réconciliation que Jésus, notre Seigneur-Serviteur nous donne. Pour Lui et par Lui, l’artisan et l’artiste de la fraternité nous te rendons grâce et nous te chantons.


Nous nous sommes posée hier, et nous continuerons à nous poser demain, la question de savoir comment faire pour que la fraternité soit autre chose que des belles paroles. Lui, ton Fils, notre Seigneur, ton Serviteur et notre Serviteur nous l’a montré. Pour nous dire l’amour dont tu nous aimes, pour nous dire en paroles et en actes que nous sommes tous des frères, du plus salaud au meilleur de tous, il est allé jusqu’au bout de ses discours et de son action et il a fini sur la croix. Pas de manuel scolaire, pas de chartre, pas de déclaration solennelle, mais une vie donnée et donnée à voir sur la croix. Mais comme tu veilles sur ta Parole, comme la sentinelle guette l’aurore, tu n’as pas permis que cette Parole, fraternité faite chaire, s’éteigne dans un tombeau. Par ton Esprit il est devenu le Vivant. Que ce même Esprit fasse pour nous que ce pain et ce vin deviennent les signes visibles de la réelle présence de ton Fils, le Serviteur.

Au moins faisons comme il nous a dit de faire : le mémorial de sa mort, de sa résurrection. Avec sa force travaillons à la fraternité en attendant son retour. Cela aussi il nous a dit de le faire.
Que l’Esprit nous aide à faire corps mais pas bloc impénétrable. Que tous ceux qui partagent le Corps du Christ deviennent son véritable corps, son Eglise.
Que dans cette Eglise et ailleurs on apprenne que l’autre n’est pas à nous. Que l’on apprenne que tu nous aimes différents et que c’est dans la diversité que réside notre charme.
Qu’autrui soit toujours un critère dans nos choix personnels et de société.
Que face aux limites inéluctables de notre fraternité nous croyons et nous espérions qu’un monde meilleur est possible.
Que nous apprenions que dans le dialogue avec l’autre tu nous révèles les richesses de notre véritable identité.
Que dans ce dialogue nous cherchions, ensemble, des solutions citoyennes donc politiques, aux défis de notre vivre ensemble.
Pour les morts et les vivants, nous te prions.

Jésus Asurmendi