Prises de paroles

 

Célébration du Dimanche 21 janvier 2007

« Cet Évangile aujourd’hui s’accomplit »

Deuxième étape vers le baptême et la confirmation de William, catéchumène de Saint Merry : la PAROLE du Christ nous est donnée.


Lecture du livre de Néhémie (8/1…10)
La joie du Seigneur est votre rempart !

lecture de Paul : 1ère aux Corinthiens (12/12-30)
Nous avons été baptisés dans l’unique esprit pour former un seul corps

En cette semaine de l’Unité des chrétiens nous pouvons nous rappeler que nous sommes ici, au cphb, une communauté catholique romaine…
Cela veut dire notamment qu’en tant que catholiques nous ne croyons pas seulement à l’Écriture, nous croyons à l’Écriture reçue dans une Tradition…
Si nous n’utilisons plus ces mots parce qu’ils sont trop piégés, nous vivons à fond ce qu’ils signifient.
Par exemple nous préparons nos messes en communauté, et spécialement la proclamation des textes de l’Écriture.
Nous « partageons » les textes, le lundi ou le mardi soir, c’est à dire qu’en plus de les lire, nous les recevons en Église (c’est ce que veut dire exactement tradition: recevoir en Église), nous nous les approprions, ce qui en fait une parole vivante pour aujourd’hui, si bien que lorsque nous les proclamons ici ces textes sont devenus une parole actuelle, portée par un témoignage de foi.
Et comme prendre la parole ici c’est un acte de foi, mûri avec les autres qui nous ont poussé à venir prendre la parole, nous parlons toujours à la première personne pour en témoigner,
Et comme nous sommes tous différents c’est une parole plurielle,
Et comme nous nous rassemblons pour l’entendre c’est aussi une parole de communion.

La tradition que nous faisons vivre ici comporte un certain nombre d’éléments qui ne sont pas expressément de l’Écriture,
Par exemple les sacrements, le Baptême et l’Eucharistie.
Ils ne sont pas seulement la mise en œuvre d’une parole du Christ (même s’ils viennent de là),
ils sont une parole du Christ nourrie, développée et incarnée dans une histoire…
Et même dans une double histoire, celle de l’Église depuis les origines et celle de chacun d’entre nous qui vient croiser celle de l’Église.
Aujourd’hui nous donnons à William une Bible, parce que sous ce signe son histoire sainte croise la nôtre, celle de chacun d’entre nous.
Notre communauté est le carrefour de nos histoires saintes
rassemblées par le Christ qui les offre à son Père.
Nous donnons une Bible à Williams pour qu’il nourrisse cette parole avec ce qu’il est, ce qu’il rêve, ce qu’il désire, ce qu’il réalise, et ce qu’il aime,
Et que cette parole il nous la donne à son tour chargée de toute sa vie.

Jacques Merienne

Lecture de l’Évangile de Luc (1/1-4+4/14-21) :
Cette parole de l’écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit.

« Cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. Tous avaient les yeux fixés sur lui et étaient en admiration devant les paroles qui sortaient de sa bouche. »
Unifier le peuple par l’autorité de la Parole de Dieu, c’est ce que font Esdras et Néhémie cinq siècles et demi avant Jésus. C’est le retour au pays de Juda après l’exil à Babylone pour un certain nombre. Ceux qui n’avaient pas été déportés et étaient restés au pays ne les voient pas forcément d’un très bon oeil venir reprendre place parmi eux. Il faut rassembler tout ce peuple comme un seul homme. Néhémie et Esdras organisent une lecture publique de la Tora, la Loi de Moïse, les récits de l’alliance de Dieu avec son peuple. Ce n’est pas facile, la Bible est en hébreu et le peuple parle araméen, il faut traduire et expliquer.
A la synagogue de Nazareth, Jésus, lui, ne donne pas d’explication. Il lit, ferme le livre et s’assied. C’est comme s’il disait à ses auditeurs : « c’est à vous de faire ce que j’ai lu. » C’est comme s’il nous disait, à nous, aujourd’hui 21 janvier 2007 ici à Saint Merri : « Maintenant c’est à chacun de vous de porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, d’annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres et aux aveugles qu’ils verront la lumière, d’apporter aux opprimés la libération. »
Et nous de dire, Oui, Seigneur, mais comment faire tout cela ? Nous ne savons pas faire de miracles !
Eh bien ! nous répondrait-il « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Et Pardonnez jusqu’à 77 fois. Alors, vous aurez souci des plus démunis, vous vous libérerez des enfermements, des aveuglements ou des oppressions qui altèrent les relations entre tous et vous serez plus humains donc plus enfants de Dieu, plus unis entre vous et avec Dieu. »
Réaliser cette unité, c’est former le corps du Christ. La petite fable de Paul sur les membres du corps nous explique que c’est grâce à nos différences et non malgré elles que nous formons ce corps, ce corps que tous les hommes, sans exception, sont appelés à former. C’est cela la Bonne Nouvelle, le salut annoncé par Jésus.
Bien sur, tout est loin d’être parfait, mais il y a des signes discrets : Chaque fois qu’advient un évènement rendant le monde plus humain, la parole de Jésus s’accomplit. Chaque fois que quelqu’un cherche le Christ, la parole de Jésus s’accomplit.
Le souci qu’a la communauté pour les plus démunis, immigrés, chômeurs, mal logés, amis de pays en voie de développement, me paraît être un signe de cet accomplissement. C’est ce que veut symboliser la crèche de cette année.
Pour Danièle et moi qui l’accompagnons depuis un an et demi, pour le groupe catéchuménat et pour toute la communauté, la démarche de William vers le baptême, en est un accomplissement aussi. De même pour les quelque 250 adultes qui seront baptisés à Paris cette année au cours de la nuit de Pâques.
Pour moi, plus personnellement, l’action de remise à niveau scolaire pour des jeunes en difficulté par l’association « la fourmilière » à laquelle nous sommes plusieurs membres de notre communauté à participer, me semble un signe de cet accomplissement.
La présence de mon petit-fils Raphaël à l’éveil à la foi des 3-6 ans avec ses parents, en est également un. En ce moment, ils y parlent, comme nous, du corps du Christ.
Voilà quelques-uns uns des signes que je crois voir, mais vous, chacun de vous, que voyez-vous ?
Après un petit temps de réflexion, ceux qui le veulent viendront dire au micro ce qui leur paraît aujourd’hui un accomplissement de la parole de Jésus entendue à Nazareth.

Hubert Lassus