Prises de paroles

 

Célébration du Dimanche 7 janvier 2007

Un même héritage pour tous

Réflexions autour de la Liturgie de la Parole de la fête de l’Epiphanie

Mondialisation, globalisation, universalité, catholicité.
Synonymes ? Synonymes…quoique…

A bas les différences ! Vive la standardisation !
Consommateurs de tous les pays…unissez vous ! Rencontrez-vous dans le supermarché global du monde. Débout ! Réveillez-vous ! Les soldes arrivent !
Un même dieu, un même salut, un même horizon pour tous et partout.

L’eucharistie d’aujourd’hui, fête de l’épiphanie, de la manifestation de Dieu est aussi la fête de l’universalité et de la catholicité.
L’épiphanie est une invitation puissante à quitter notre propre pays, à laisser notre cocon et notre foyer, notre tribu et nos habitudes. A nous dépouiller. De notre or, de notre encens, de notre myrrhe. A nous dessaisir pour partager une autre réalité, pour nous retrouver avec tous les autres, Mages d’Orient et bergers de tous les pays, à un autre niveau. Pour prendre part au mystère de Dieu dans Jésus-Christ par l’annonce de l’Evangile.
Fort bien. Mais quel est le mystère de Dieu ?
Eh bien tout simplement l’universalité et la catholicité :
Tous, juifs et non-juifs, blancs et bronzés, jaunes et visages pâles. Tous, nous sommes appelés à
Partager le même héritage.
A être membres d’un même corps.
A partager la même promesse.
Un héritage, un corps et une promesse qui sont communion et respect de l’autre. Liberté, justice et paix. Rien que cela.
Voilà l’universalité de Dieu, voilà son mystère en Jésus-Christ.
Mais l’universel ne peut pas se vivre dans l’abstrait. Il se vit dans le particulier. On n’est pas partout mais quelque part. L’Epiphanie est aussi invitation pressante à retourner dans son pays, changés transformés, autres. A retourner par un autre chemin. A être toujours en marche pour aller à la rencontre du mystère de Dieu et de revenir toujours dans son pays, autrement, par un autre chemin.

Jésus Asurmendi

Méditation à la manière d’une prière eucharistique

Dieu notre Père, aujourd’hui, jour de l’Epiphanie, jour de la manifestation de ton mystère, de ton secret que tu avais gardé bien au chaud, nous sommes réunis pour te remercier et te rendre grâce.
Et il y a de quoi ! En effet, comme tu le sais un danger nous menace qui est déjà bien présent. A côté de quelques retombées positives pour beaucoup, nous risquons une universalité façade, une fausse catholicité nous guette. Face à elle, ta Parole nous met en route, nous fait sortir et voyager, nous fait cheminer et nous dit : marche, marche !, Marchez, marchez ! Nous te remercions parce qu’elle nous propose une promesse de vie, la solidarité et la communion d’un même corps, le partage d’un même héritage : ta vie divine en Jésus Christ, dans la communion et par la communion avec tous et chacun.
Nous te remercions parce que cette offre, ce don nous réjouit, nous remplit de joie, nous fait respirer et rire face au morne horizon d’une universalité marchande. Parce que une autre vie est possible, la tienne. Parce que ce mystère, cette vie s’appelle Jésus de Nazareth, notre Christ et Seigneur.
Pour Lui et par Lui nous te remercions et nous te chantons.

Oui, nous avons vu s’élever son étoile et se poser là où l’insignifiant se trouvait : l’enfant et sa mère. Mais cette étoile n’a pas fini sa course. Et s’il était difficile de reconnaître ta présence dans cet enfant, il était encore plus difficile la voir à la fin, sur la croix. L’Alpha et l’Omega. Le commencement et la fin. Quelle trajectoire, quel itinéraire. Ce n’est pas une naissance princière, ce n’est pas une mort glorieuse. C’est cela le décentrement, la surprise de l’histoire, l’éblouissement de ton mystère. Mais ce n’est pas tout ! Cet itinéraire et ce chemin, cette naissance et cette mort, cette manifestation inattendue continue encore et autrement. Car cette vie donnée débouche sur une vie totale et définitive. Oui, le crucifié est le ressuscité. Et il se manifeste à nous, encore une surprise, encore une bonne nouvelle, dans le pain et le vin que voici grâce à l’Esprit Saint, ta présence auprès de nous, ta force qui nous fait vivre.
C’est pour cela que nous te demandons que ton Esprit fasse de ce pain et de ce vin le Corps et le sang du Christ, le mystère de Dieu fait corps à partage.
Nous acclamons, nous confessons, nous proclamons le mystère de notre foi : Notre Christ est mort, il est ressuscité, il reviendra de nouveau. Et pour tout cela, une fois de plus, nous te remercions.
Revenir dans notre propre pays par d’autres chemins. Retourner pour vivre quelque part autrement. Sortir et revenir sans cesse. Marcher, cheminer. Nous pourrons le faire grâce à ton Esprit, car, en effet, grâce à Lui nous partageons le même héritage, nous faisons partie d’un même corps, nous avons part à la même promesse. Que cet Esprit donc fasse de tous ceux qui partagent ce pain et ce vin, le Corps et le Sang du Christ, un seul corps, le Corps du Christ, une véritable Eglise enracinée dans le particulier et traversée par le souffle de la solidarité et de la communion de l’universel

Jésus Asurmendi

 



 
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