Prises de paroles

 

Célébration du Dimanche 31 décembre 2006

Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu

avec Jésus le Christ nous vivons le mystère de sa relation au Père,.

Lecture du 1er Livre de Samuel (ch1/20-28)
« Il sera présenté au Seigneur »

I Samuel 1 20…Luc 2 41-52


Les textes proposés ce jour célèbrent la fête de la Sainte Famille, fête récente puisqu’ introduite au XIX° siècle !
Mais ces textes nous montrent-ils un « modèle » de famille : un enfant qui fugue, qui établit des liens hors et loin de sa famille, des parents qui ne comprennent pas … ? Tout ceci semble bien contemporain mais peu adapté à un « modèle»
Ces textes nous parlent peut être davantage de vocation, celle de Samuel, celle de Jésus, celle de tout homme aujourd’hui.
• Voici 2 femmes, voici 2 fils , 2 fils nés d’une parole entendue : Le Seigneur a entendu la supplication d’Hanna, Marie a entendu la parole de l’ange. Et la Parole a pris chair…
Plus loin dans le livre de Samuel, Samuel, à son tour entend l’appel « Samuel, Samuel » auquel il répondra « me voici » ce sont les mots mêmes qu’emploient tous les prophètes de l’ancien testament
La vocation de Samuel est d’être auprès d’Elie au service du Seigneur.

• Jésus après son dialogue avec les docteurs de la loi comprend que c’est « auprès » de son Père qu’il doit être et agir.
Il se situe donc comme fils dans la communauté qui est la sienne et c’est dans la plus grande proximité de son Père qu’il va y vivre et agir maintenant. Sa vocation de Fils, ne peut se vivre QUE dans une relation au Père.

Notre vocation d’homme, à la suite du Christ, est de rendre active, de vivre et de créer chaque jour cette relation au Père, dans nos communautés de vie, quelles qu ‘elles soient
Relation dans l’écoute,
dans le désir,
dans l’attention

• La relation de Jésus au Père NE PEUT se taire, elle lui donne la parole : il dit à ses parents
« ne saviez vous pas , c’est chez mon Père que je dois être ? »
• cette parole ne peut QUE se dire et se partager au delà des contraintes des préceptes, au delà de la loi : Jésus guérit un jour de shabbat, Il pardonne à la femme adultère
• La relation de Jésus au Père se dit à temps et à contre temps
Marie dit à Jésus « pourquoi nous as-tu fait cela ? »
• La relation de Jésus au Père ne peut se laisser enfermer « Lazare sort » elle ne peut se laisser enfermer… parce qu’elle libère : « prend ton grabat et lève toi »
C’est Jésus et JESUS SEUL qui guérit, qui libère, qui pardonne, mais c’est au nom du Père.

Notre foi est celle qui nous permet, nous aussi de prendre la parole, de guérir, de libérer et de pardonner, à temps et à contre temps
Mais c’est au seul nom du Père et à l’écoute de sa Parole que nous pouvons agir.

La famille, qu’elle soit de chair ou de choix est ce lieu, cette communauté ou la parole du Père prend corps, dans le Fils, dans les fils que nous sommes
Ainsi chacun pourra se reconnaître du même Père, si celui-ci est nommé, désigné ---par le baptême, entre autre…
Ainsi chacun pourra se reconnaître frère, parce que Fils d’un même Père.

Alors : qu’as-tu à me dire Seigneur, qu’as-tu à me dire de Toi, qui me fasse vivre vraiment ma vocation de Fils ?

Florence Carillon

Père
Tu dois être fier d’avoir une belle famille comme nous !

Tu ne réponds rien ?

Nous devinons ta réponse parce que Jésus nous l’a soufflée :
« tu as fait de nous tes enfants ».
Un père qui aime son enfant ne le manifeste pas toujours par des mots,
mais le fils est heureux quand le père est fier.
Nous ne sommes pas des gens exceptionnels,
nous n’avons pas tout quitté pour te suivre,
mais nous te suivons quand même.
Il nous en faut du courage pour vaincre nos peurs !
Nous emportons pour te l’offrir tout ce que nous n’avons pas quitté.
À chaque fois que nous le faisons nous gagnons encore un peu plus.
Il n’y a rien d’autre à faire,
Puisque nous sommes incapables d’entrer dans le Royaume par nous-mêmes.
Ce que nous faisons c’est accueillir comme des enfants le don du Père,
Et te louer avec les saints du ciel et de la terre,
Et proclamer ta gloire en chantant d’une seule voix…

 

Lecture de l’Évangile de Luc (ch2/41-52)


« C’est chez mon Père que je dois être »
La question de cette époque est simple : c’est quoi être chrétien, comment faut-il faire ?
Parce qu’à l’époque personne ne savait.
Il n’est pas si simple que cela d’inventer une nouvelle religion.
Surtout une religion qui ne doit pas en devenir une comme les autres.
Le travail des Jean, des Paul, des Pierre, et autres Luc n’était pas si simple.
Jésus avait déverrouillé le rapport que les hommes entretenaient avec Dieu :leur Dieu. Un Dieu investi de tous les pouvoirs et de tous les symboles, donc de toutes les peurs.
Jésus a remplacé cela par SA vie qui est d’abord la vie d’un artisan que personne ne connaît, ou plutôt que tout le monde connaît comme l’artisan du coin, cela suffit-il pour dire Dieu ?
Jésus dit Dieu, il dit à Dieu et aux hommes ce qui se passe en Dieu : Dieu aime, il aime le fils, il aime les hommes, il aime chaque être humain. Et sa façon de le dire c’est une vie de villageois araméen qui ne s’en laisse pas compter par les docteurs.
Ni par les docteurs, ni par ses proches et ses parents.

Dans un monde qui a perdu ses utopies, ou dont les raisons de vivre deviennent de plus en plus matérielles ou triviales, voire de plus en plus soumises aux lois des puissants et des riches, nous pouvons être signe d’espérance PAR NOTRE VIE.
Nous ne sommes pas tous artisans mais nous sommes quelque chose, nous faisons quelque chose, nous vivons quelque part, nous connaissons des gens, nous sommes connu d’un certain nombre de personnes, nous avons une famille, quelque soit sa forme, typique ou atypique.
C’est en vivant cela que nous sommes chrétiens.
« Je ne te demande pas de les retirer du monde » Jésus n’a pas fuit le monde.
« Je te demande de les protéger » : il nous envoie son Esprit pour que nous restions dans le monde pour y dire Dieu avec nos simples faits et gestes.

Si nous avons déjà un avant goût du bonheur pour lequel nous sommes faits, alors nous seront crédibles.
Même seulement un peu de vrai bonheur humain, tangible, il ne faut pas grand chose, car les racines du bonheur en Dieu sont profondes, c’est du solide.
Si on ne trouve pas cela chez nous c’est que le plus souvent nous avons peur.
La peur du monde actuel qui est commune à nos contemporains nous la partageons, et nous y ajoutons la peur de la radicalité de l’appel du Christ, qui n’est pas rien non plus.

Comment surmonter la peur ? Il faut du courage et de la patience.

Le courage est une vertu universellement attrayante, elle parle donc même à ceux qui ne partagent pas notre foi.
Nous ne pouvons être témoins crédibles de l’Évangile que lorsque nous sommes habités d’un courage, d’ailleurs incompréhensible car il repose apparemment sur bien peu : sur notre vie, c’est-à-dire une vie semblable en tout à celle des autres.

Courage dans l’Église.
Une communauté où l’on ose se dire la vérité et s’écouter mutuellement, où l’on ose être vulnérable et ne pas a voir peur les uns des autres.
Courage dans le monde.
Péguy raconte l’histoire de cet homme qui arrive à la porte du Ciel, l’ange portier lui demande, « montre-moi tes blessures —mais je n’ai pas de blessure ! —, Ah tu n’as jamais rien trouvé qui vaille la peine de se battre ? »

Le christ ressuscité peut montrer ses blessures : la résurrection n’efface pas la vie qu’il vécue, depuis les coups de scie ou de rabot, les ampoules au pieds, jusqu’aux stigmates de la torture, et même la mort, le Christ ressuscité est toujours le Christ mort en croix.
La résurrection recueille la vie, elle ne l’efface pas, ne la remplace pas par une plus belle. Sinon à quoi bon les Évangiles ? Il aurait suffit de nous dire que Jésus était ressuscité, pourquoi nous raconter tout ce qui précède ? Non, ce qui compte c’est toute sa vie, mort comprise, qui reste vie par et dans la résurrection. D’ailleurs quelle vie pourrait être plus belle pour moi que celle que j’ai moi-même vécue librement ?


Deuxième condition pour surmonter notre peur : La patience :
Il faut du temps pour qu’un enfant se forme et naisse de sa mère, il faut du temps pour retrouver des forces quand on est épuisé.
Nous devons être patients parce que Dieu ne vient pas d’un coup d’un autre monde. Il n’a pas de porte dérobée pour nous rejoindre.
Dieu vient de l’intérieur, dans l’intimité de notre être, de notre corps, de notre durée.
« Il est plus proche de nous que nous même » dit Augustin, « il est plus proche de nous que nos veines » dit le Coran. (c’est aujourd’hui la plus grande fête de l’Islam)
La parole de Dieu n’est pas idiome venu d’ailleurs, elle surgit de notre langage, qu’il faut travailler sans cesse, pour que nous puissions former nos paroles par lesquelles passeront les paroles de Dieu. Dieu nous parle par nous.

Alors ouvrirons un avenir.
Pour qu’un avenir se produise il faut en avoir envie.
Un vrai avenir, nouveau, donc inconnu, et l’inconnu fait peur, pas seulement l’infini répétition de notre présent, ou même pire, de notre passé. Il faut du courage pour ne pas avoir un avenir qui ressemble à notre passé.
Et il faut la patience de l’artisan pour construire l’avenir.
Par la loi les Juifs attendaient la réalisation de la promesse inlassablement annoncée par la prophètes, par l’Esprit nous réalisons de nos mains jour après jour la promesse du Père faite au fils.

Il y a dans nos liturgie un mot d’encouragement. Le président de la célébration vous interpelle :« le Seigneur soit avec vous ! »,et ceux que cela réveille peuvent répondre : « et avec ton esprit ! ». C’est un cri d’équipe, le cri de notre équipe, qu’on pousse pour se donner un nouvel l’élan.

Jacques Mérienne


Prière universelle

Dieu notre Père, en ces temps c’est de naissance et de famille que tu nous parles
Mais cette naissance ne va pas sans peines
et pour que notre prière soit vraie, nous te confions la vérité de nos cœurs :
ce désir de vivre pleinement Noël
et nos questions sur cette fête
cette envie d’être dans la foi
et nos résistances à croire
cette faim de sens pour nos vies
et tous ces non-sens qu’engendrent nos errances et notre péché
cette soif de relation vraies
et nos difficultés à vivre les uns avec les autres

O Dieu, toutes ces contradictions qui nous habitent nous les déposons devant toi,
non pour que tu les effaces
mais pour que tu les retournes en chemin de vie
Donne nous maintenant d’accueillir la douceur de Noël
Donne nous maintenant de recueillir l’année passée comme un cadeau fait à chacun
Donne nous maintenant d’accueillir l’inconnu de la nouvelle année
Et permets qu’en nos visages il y ait assez de lumière pour ceux qui sont dans l’ombre
Permets qu’en nos cœurs il y ait assez de paix pour ceux qui sont dans la révolte
Permets que dans nos fêtes il y ait assez de tendresse pour ceux qui sont dans la solitude
Nous t’en prions, au nom de ce Fils de lumière, né parmi nous pour qu’il fasse clair dans nos vies.

Florence Carillon


 

 



 
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