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Célébration
de Noël 25 décembre 2006
« Une lumière
a resplendi, un enfant nous est né »
Textes : Lecture du Livre d’Isaïe ch 9 - v 1-6
Evangile Luc ch 2 - v 1-14 et 15-20
Que nous arrive-t-il en cette nuit ? Un enfant nous est né et 2000
ans plus tard, une joie nous gagne, une allégresse, une jubilation.
Elle ne vient pas de nous. Elle nous précède, nous arrive
de loin. Notre joie est grande, profonde, légère et grave
à la fois.
Notre joie n’est pas naïve, niaise.
Le nouveau-né que nous fêtons n’a pas fait disparaître
les bruits de bottes des soldats. Près de la crèche, un
tyran fou massacrait les innocents, répandait le feu et le sang.
Et nous nous habitons toujours « le pays de l’ombre ».
Notre joie n’est pas artificielle. Nous le savons : la joie peut
aller avec la douleur, l’amour peut être autant plénitude
que manque.
Nombreux sont ceux qui l’éprouvent en cette nuit : Noël,
c’est beaucoup de joie et d’amour et c’est le réveil
de bien des blessures.
Les rires et les larmes vont aussi ensemble dans les chambres des maternités.
Aux jours des naissances, les mères perdent leur sang et se réjouissent
du lait qui leur monte aux seins.
Rires et larmes, joie et peine, amour et solitude peuvent étrangement
aller ensemble.
Pas de lumière sans ombre.
Il n’y a donc pas ce soir : notre joie à nous qui sommes
là et la peine des autres ailleurs. Car vivre pour chacun de nous,
c’est affronter les souffrances inévitables, ne pas s‘y
dérober dans l’impossible rêve de mers toujours calmes.
Et par là même, c’est s’ouvrir à la possibilité
des grandes réjouissances.
Si joie et douleur nous habitent, c’est que nous ne passons pas
à côté de la vie, c’est que nous sommes dans
un rapport au monde entièrement vivant.
Quelle joie nous arrive donc en cette nuit des merveilles ?
Avec ce nouveau-né, Dieu prend tout de notre existence, les ombres
et les lumières.
Toutes les naissances annoncent la vie possible malgré tout. Mais
celle de Jésus nous annonce plus encore : la joie d’une vie
possible malgré le pire, malgré et avec le pire, y compris
de nous-mêmes, malgré et avec ce pire qu’est la mort.
Nous ne fêterions pas Noël s’il n’y avait pas Pâques.
Avec ce tout-petit, Dieu se met entre nos mains, démuni, précaire.
Il passe inaperçu dans la nuit, relégué aux marges,
hier comme aujourd’hui.
Dieu vient là où notre vie manque de tout. Et c’est
là dans ce manque, ce vide, ce creux, que le mystère fragile
de la Nativité retrouve en nous un espace, une possibilité.
Oui, nous avons vu se lever une grande lumière dans la nuit de
nos errances. Voilà ce que fait l’amour insensé de
notre Dieu.
Claude Plettner
J’ai la joie de vous donner quelques bonnes nouvelles du monde
:
- L’Afrique du Sud vient de nommer le premier capitaine noir pour
son équipe nationale de rugby.
- L’Europe s’est enfin dotée, le 4 de ce mois de décembre,
d’une véritable Agence des Droits de l’Homme, qui va
permettre des décisions et réalisations concrètes
dans ce domaine.
- Aux Etats-Unis, en cette année 2006, le nombre de condamnations
à la peine capitale et celui des exécutions sont à
leur plus bas niveau depuis 10 ans, plusieurs Etats ayant notamment suspendu
les exécutions par injections, pour cruauté non-conforme
à la Constitution.
- Le travail des enfants recule dans le monde, en Amérique latine
et en Asie, mais aussi en Afrique : on enregistre une baisse de 11% entre
2000 et 2004, soit 20 millions d’enfants concernés.
- Cette année, la longueur exceptionnelle de la saison des pluies
dans la région du Sahel va permettre aux 17 pays concernés
une bonne saison agricole, avec 15 millions de tonnes de céréales.
- La FAO constate une amélioration des actions sur l’environnement
au Burkina Faso, au Mali et au Niger, où l’on replante des
arbres et où on lutte contre le ruissellement des eaux pluviales.
- L’homme emblématique du micro crédit a reçu
le prix Nobel.
- On constate un afflux de jeunes diplômés des écoles
de commerce dans le secteur de l’économie sociale et solidaire,
en pleine expansion, qui représente aujourd’hui en France
10 à 15% des effectifs salariés. -L’Essec vient donc
de créer une filière « entrepreneuriat social »,
et HEC une chaire de commerce équitable et une formation aux techniques
de gestion applicables aux secteurs associatif et humanitaire.
- Bref, la solidarité devient officiellement rentable !
Blandine Ayoub
Trois bonnes nouvelles qui touchent notre communauté toute entière
:
Il est né à Paris, mais très jeune il a été
emmené du Pérou en Italie ; abandonné dans une famille
qui n¹était pas la sienne, il n¹a pas eu d¹enfance.
A sa majorité, il a fui les conditions de vie difficiles qui lui
étaient imposées, il a connu la rue, les expédients
de toutes sortes. Il rêvait du pays de sa naissance : un jour il
a passé la frontière, il est arrivé à Paris.
Trois années de déboires, de désillusions, mais un
espoir farouche et l¹accompagnement d’une association, issue
de notre communauté, le Réseau chrétien Immigrés.
Aujourd¹hui, il a obtenu une carte de séjour d¹un an,
il relève la tête, il cherche du travail avec SNC, il fait
des projets : il est heureux, comme dans un conte de Noël !
Tous ceux, dans notre communauté, qui font du soutien scolaire
connaissent cette joie partagée, dans un regard, un sourire, lorsque
celui qui ne réussissait pas tel exercice y parvient enfin.
Dans le cours d’alphabétisation que portent certaines personnes
de notre communauté, à la mairie du IVème, imaginons
ce qui est passé de joie et d’émotion, quand un père
de famille malien ( il a trois enfants qui ont déjà appris
à lire et écrire, en primaire…) a réussi à
écrire son prénom et son nom, pour la première fois
!
Depuis plus de vingt ans, Luzinha, sœur dominicaine brésilienne,
a tissé des liens avec notre communauté qui a soutenu deux
projets dans le diocèse du Goias, au Brésil, pour des Paysans
sans terre et pour une école de Santa-Féla. En se fondant
sur ces relations de solidarité et en les prolongeant, Luzinha
est venue, récemment, présenter un nouveau projet et demander
la de notre communauté, à travers la Commission Partage
: il s’agit de soutenir, dans un quartier très défavorisé,
une école à Santa-Teresa, banlieue d'Asuncion, la capitale
du Paraguay. Trois cents enfants sont déjà accueillis dans
les locaux - encore inachevés. Et Luzinha a témoigné
joyeusement : « Oui, ça marche ! »
Céline Dumont
Pour parler de Noël revenir à l’essentiel : La Parole
s’est incarnée. Qu’est-ce qu’une parole incarnée,
est-ce que cela s’est fait une fois pour toute en dehors de nous,
où est-ce encore pour chacun et pour l’Église, le
cœur de la foi ?
Revenir en arrière de quelques semaines, sur le débat à
propos du Téléthon né des fondamentalistes de l’association
Lejeune. En réponse nous avons eu les déclarations des évêques,
le rappel doctrinal sur le nécessaire respect de la dignité
de l’homme dès la conception.
C'était une parole qui se voulait « en situation »,
qui répondait à l’actualité, était-ce
une parole incarnée ?
Ce dont il est question dans le Téléthon c’est de
guérison. Est-ce qu’il n’y pas dans l’évangile
suffisamment de guérisons pour qu’on sache en parler ? Jésus
qui guérit le jour du sabbat c’est la guérison contre
la doctrine, Jésus qui guérit le paralytique après
lui avoir pardonné ses péchés c’est la guérison,
y compris spirituelle, contre la doctrine. Quand on amène à
Jésus la femme adultère il ne lui fait pas un rappel doctrinal
sur la fidélité conjugale, il lui déclare : le salut
est arrivé pour toi ! Le salut est arrivé pour toi et pour
ceux qui veulent te tuer. Car l’annonce est toujours pour tous,
même si elle est faite à partir de la vie d’une personne
singulière.
Voilà l’incarnation : cette parole qui entre dans la chair
pour la sauver. Et nulle parole de salut ne peut nous parvenir si elle
ne nous vient pas d’une femme ou d’un homme vivant. Non seulement
vivant, mais dont la vie est cette parole. De la vie guérie vient
la parole de salut. De la vie épanouie vient la parole du bonheur.
Mais à contrario, de la vie bafouée vient la parole de l’abandon
et du silence de Dieu.
La parole doit s’incarner sinon elle devient de la doctrine. La
doctrine est le fruit de notre foi, son expression forte et rigoureuse,
mais pas son point de départ. C’est ce que l’on finit
par découvrir et exprimer quand on vit de la vie reçue du
Fils.
Mais oui, nous avons besoin constamment de nous réincarner, même
si nous nous sentons bien en chair. Il faut renverser nos habitudes, ne
pas partir de la doctrine mais de la vie. Que la vie, la chair et le sang,
le souffle et le regard, précèdent la parole. Noël
tous les ans nous rappelle que nous devons constamment renaître
à la vie pour que notre parole, quand il nous est donné
de la prononcer, quand elle est requise par ceux qui nous sont envoyés,
ou même par nos proches, pour que notre parole soit « native
», toujours fraîche juste cueillie, ou juste sortie du four,
pas une parole toute faite, pas une parole photocopiée sur du papier
recyclé. Parole du jour, non parce qu’elle est la dernier
en date, mais parce qu’elle est lumineuse comme le jour, parce qu’elle
repousse la nuit et chasse les ténèbres, Parole de vie et
de lumière.
L’enfant dans la crèche est la lumière pour le monde.
Non seulement il nous éclaire, pour nous réveiller, mais
il nous illumine. Nous somme sont désir, nous sommes sa chair son
sang, nous sommes sa lumière, nous sommes la lumière !
Ne nous cachons pas , sachons être lumineux, au lieu d’être
bavards…
« Aujourd’hui le royaume est venu jusqu’à toi
»
Jacques Mérienne
PRÉFACE MESSE DE NOËL (24-12-06, d’après Is62
et J.Grosjean)
Dieu, Père
Puisque tu nous as donné ton fils, avons-nous encore besoin de
toi ?
Quant on a le fils a-t-on encore besoin du père ?
Mais toi tu es là.
Les jours viennent, les jours s’en vont et nous tournent le dos,
tu es là
La cavalcade des heures résonne dans les rues de la ville et nous
oublie, tu es là
Nous regardons toutes les fleurs des plus beaux jours mais leurs têtes
qui penchent nous disent la vie s’en va, tu es là
Et Tu dis de nous : ce peuple est mon désir !
Tous ces matins qui n’arrivent pas à secouer leur nuit,
tu es là
Tous ces prisonniers broyés par leur chaînes qu’ils
ne sentent même plus, tu es là
Sans parler des souffrances dont nous cinglons les faibles, ou les obscures
douleurs que nous nous octroyons à nous-mêmes, tu es là
Et Tu dis de nous : j’ai relevé ce peuple de la ruine !
Nous avons gravi des montagnes et traversé des forêts,tu
es là
Nous avons couru sous la pluie et fendu les brouillards, tu es là
Nous avons cassé nos jouets et construit des empires, tu es là
Et Tu dis de nous : ce peuple est mon plaisir !
Il y a quelqu’un derrière le monde et quelqu’un devant
nous, tu es là
Il serait vivant, et ce serait contagieux et nous serions en train de
vivre, tu es là
Un courage aveugle nous pousse vers on ne sait qui, tu es là
Nous embrassons l’autre ou lui tendons la main sans le connaître,
notre confiance est celle du pauvre, du sourd et de l’aveugle, tu
es là.
Et Tu dis de nous : ce peuple est saint !
Père, Avec la louange de ton fils accueille la nôtre
Avec les vivants d’en haut et les vivants d’en bas
De tous les lieux, de tous les temps
De tous les sommets, et de toutes les bases
De ceux qui arrivent et de ceux qui partent
avec toute l’Église du ciel et de la terre
Nous chantons l’hymne de ta gloire te sans fin nous proclamons :
Saint saint saint !
Jacques Mérienne
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