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Survol du Carême 2005
Les lectures des 5 dimanches de carême ont une cohérence
centrée, cette année, sur l'accès au baptême.
Les évangiles proposés mettent en lumière un cheminement
que l'Église propose aux catéchumènes, et que nous
pourrons traduire pour les groupes de Carême en terme de passage.
Le 1er dimanche (13/02), c'est le récit de la tentation
au désert :
PASSER DU DESERT A LA MER.
Le 2e dimanche (20/02), c'est le récit de la Transfiguration :
PASSER DE LA PEUR A LA JOIE.
Le 3e dimanche (27/02), le récit de la Samaritaine :
PASSER DE L'ANGOISSE (LA SOIF) A LA PAIX (LA SOURCE)
Le 4e dimanche (6/03), le récit de l'aveugle-né :
PASSER DES TENEBRES A LA LUMIERE
Le 5e dimanche (13/03), la résurrection de Lazare :
PASSER DE LA MORT A LA VIE
Les deux premiers dimanches relatent des événements
concernant la divinité de jésus.
Le 1er dimanche (Mt4/1-11) : la tentation au désert. Le mal
que Jésus affronte n'est pas la mort ou la souffrance, c'est une
fausse image de Dieu à laquelle il doit renoncer (comme l'a fait
le peuple hébreu dans le Sinaï) avant de passer du désert
(la solitude) à la mer de Galilée (l'humanité) pour
annoncer à toutes les nations (pas uniquement aux juifs) le vrai
Dieu.
Ces récits s'inspirent sans doute de contes très anciens,
voire archaïques. Dans l'évangile de Luc, il n'est question
que de deux tentations, dans celui de Matthieu que nous lisons, elles
sont trois, mais c'est la même, adorer comme faux dieu celui qui
nous donne puissance et suffisance, c'est-à-dire au fond s'adorer
soi-même.
Genèse : " vous serez comme des dieux " dit le serpent.
Paul répond : " tous deviennent justes parce qu'un seul homme
(Jésus) a obéi "
Le 2e dimanche (Mt 17/1-9) : la Transfiguration. Jésus est
révélé Fils de Dieu.
Après avoir annoncé sa propre mort (il ne fuit ni ne nie
la mort qui fait partie de la condition d'homme qu'il a choisie), Jésus
est transfiguré. C'est la révélation qu'il y a autre
chose, non pas après la mort, mais " à côté
et en même temps ", qu'il y a autre chose, une vie invisible,
plus forte que la mort (c'est la " résurrection ", voir
5ème dimanche). Témoins de cette vie-là, les disciples
vont passer de la peur à la joie (Le mot grec de " gloire
" se traduit aussi par " joie ").
N.B. Dans la Tentation comme dans la Transfiguration, il y a un face à
face avec Dieu. Être tenté, c'est rencontrer Dieu. On ne
pèche " bien " que si on connaît bien Dieu. La
trahison de Pierre est spirituelle, c'est un péché au sens
propre car il était là lors de la Transfiguration, il avait
vu l'Invisible et " savait " que Jésus ne mourrait pas.
Les autres disciples ont trahi leur ami et maître Jésus,
leur faute est morale. La formulation du Notre Père " ne nous
soumets pas à la tentation " est tardive (elle ne figurait
pas dans la prière même de Jésus qui se limitait semble-t-il
au début de la prière actuelle), mais elle est bien en situation
: que notre contemplation de la tendresse du Père ne nous rende
pas orgueilleux.
Les trois autres dimanches concernent des témoins qui découvrent
qui est Jésus à partir de ce qu'ils vivent avec lui dans
une rencontre.
Le 3e dimanche (Jn4/5-42) : la Samaritaine.
L'Exode demande : " Dieu est-il vraiment au milieu de nous ? "
La Samaritaine répond : " Si oui, où est-il, que fait-il,
où faut-il le prier ? nous a-t-Il abandonné ? ". Sans
que rien d'extraordinaire ne se passe, elle vit un changement profond
qui va l'amener à témoigner, la femme infidèle (cette
femme aux 5 maris) retrouve son époux, " moi qui te parle,
je le suis ! " Elle passe de la soif à la source, de l'angoisse
à la paix.
Paul : C'est une espérance qui ne trompe pas !
Le 4e dimanche (Jn 9/1-41) : l'aveugle-né.
Vous ne savez pas d'où il est, dit l'ex-aveugle, pourtant il m'a
ouvert les yeux (autrement dit : moi je sais où il va, et je vais
le suivre pour savoir qui il est ! ").
Celui que tout le monde cherche : " tu le vois, c'est lui qui te
parle ! " Il passe des ténèbres à la lumière.
Le choix du roi David par Samuel : pour choisir il voit le cur des
fils de Jessé, non leur prestance, même s'il remarque au
passage que le garçon a de beaux yeux, familiers de la lumière.
Paul : " Vivez comme des fils de la lumière " ?
N.B. :Chez Jean, l'aveugle-né est associé à la "
femme adultère " menacée d'être lapidée
(ce qui reprend le thème de la Samaritaine), pour être les
deux témoins nécessaires dans un procès juif pour
innocenter Jésus, dans une longue partie de l'évangile (7/45-12/50),
précédant la passion, qu'il rédige comme une minute
de jugement. Mais ces témoins ne sont pas crus, d'ailleurs "
même si quelqu'un ressuscitait des morts, ils ne le croiraient pas
! ".
Le 5e dimanche (11/1-45) : la résurrection de Lazare.
Jésus est venu sauver les hommes de la mort, il est le Dieu des
vivants, et non des morts ! Apprenant la mort de son ami Jésus
interroge l'entourage du défunt Lazare, " croyez-vous à
la résurrection ? " Marthe et Marie répondent que oui,
et sans doute Lazare y croyait-il aussi, il est mort dans la foi en la
résurrection, c'est dans et par sa foi qu'il est ramené
à la vie (" ta foi t'a sauvé ! " s'applique aussi
à Lazare, même si cette foi est exprimée par ses proches)
pour rendre témoignage de son acte de foi. Il passe de la mort
à la vie. La vie, c'est l'esprit.
Ézéchiel : " je mettrai en vous mon esprit et vous
vivrez ".
Paul : " L'ESPRIT est votre vie ".
N.B. : Dans les deux expressions : " résurrection de Lazare
" et " résurrection de Jésus " le même
mot " résurrection " ne signifie pas la même chose.
Lazare revit après sa résurrection, alors que Jésus
se relève : il ne supprime pas la mort, il la quitte. Dans notre
vie, il y a cette réalité qui nous dépasse et que
nous ne voyons pas encore : saurons-nous quitter l'ombre de la mort ?
Ainsi, le Carême est-il - plus qu'un temps de pénitence
- un temps de foi qui me permet de me questionner : en terme spirituel
-en quoi je donne ma vie à Dieu ? ou en terme missionnaire - en
quoi suis-je témoin de l'uvre de Dieu dans ma vie ? Viendra
ensuite le temps de Pâques
dont le fruit sera de se redécouvrir
frères et surs.
Jacques Mérienne
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