TEXTE D’ORIENTATION
(Assemblée générale du 24 mai 1987)
Le
Centre pastoral Halles-Beaubourg est une des
communautés de l’Eglise de Paris. Il a reçu sa mission, en 1975, de
l’archevêque de Paris : inventer des modes nouveaux pour l’Eglise de
demain ; manifester la présence du Christ en ce cœur de la capitale.
0.1 - Pour mieux signifier cette présence, nous voulons développer :
-
La vie de foi et l’annonce de l’Evangile en tenant
compte des réalités et du langage de notre temps. Dans ce sens : la
création d’espaces d’échanges et de prières où chacun est reconnu pour ce qu’il
est ; le travail d’ateliers culturels ; le partage des
responsabilités entre prêtres et laïcs.
-
L’attention à la vie, aux cris et aux espoirs des
hommes et des femmes qui passent dans ce quartier. C’est le sens de l’accueil
dans l’église aux portes ouvertes.
-
Le souci des solidarités et la participation à la
défense des Droits de l’Homme aussi bien en France qu’à l’étranger. Relations,
informations, manifestations ont été réalisées dans ce sens.
0.2 - Nous
n’avons pas tous les mêmes sensibilités ou les mêmes positions. Dans la
réflexion sur les relations entre notre foi et nos engagements politiques, économiques , sociaux, éthiques, nous voulons être un
lieu où soient écoutées des prises de position différentes.
En prenant des risques, nous acceptons de
faire des erreurs.
Nous
souhaitons poursuivre ces actions, mais il nous faut, aujourd’hui, être mieux
attentifs aux nouveaux appels que nous entendons.
1
- UNE
EGLISE AUX PORTES OUVERTES
1.1 - Nous voudrions que ceux qui passent à St-Merri y rencontrent le visage ouvert et accueillant d’une église qui ne se suffit pas à elle-même.
La rencontre de nombreux défavorisés nous rappelle l’urgence et
la priorité du service des pauvres.
Nous
voudrions leur offrir un lieu où ils soient écoutés.
Nous
voulons développer des liens avec les marginaux du quartier et mieux collaborer
avec les organismes sociaux concernés.
Passent
ici beaucoup de personnes souffrant de solitude, posant des problèmes
psychologiques, malades de troubles psychiatrique.
Pour elles, nous voudrions trouver de nouvelles formes d’accueil.
Face
à la situation économique actuelle, nous avons à mobiliser nos ressources de
relations, d’intelligence et d’argent pour chercher de nouveaux types de
services et de solidarités, de nouveaux rapports personnels et collectifs avec
le travail et l’argent, et même de nouveaux modes de vie.
1.2 - Les passants qui n’ont pas habituellement de contact avec l’Eglise ont souvent quelque chose à lui dire ! Nous souhaitons multiplier les occasions d’échange avec eux.
Beaucoup
de visiteurs s’intéressent à l’architecture et à ce qu’elle signifie.
Nous
voulons inventer des formes nouvelles de présentation de notre église et de son
message.
1.3 - Certains
d’entre nous sont plus engagés, sous des formes diverses, à ces services
d’accueil : Ils ont aussi vocation à nous éveiller tous.
Ceux
qui viennent à St-Merri pour y rencontrer l’Eglise
devraient trouver en chacun de nous des membres d’une communauté. La chaleur
des convictions personnelles et de la relation à Jésus n’ont
de sens qu’en référence à une réflexion et à une pratique collectives.
2.1 - Nous
célébrons l’Eucharistie, chaque dimanche ; nous nous efforçons d’entendre
et de méditer la Parole de Dieu, de prier et de chanter ensemble ; nous
souhaitons rester un lieu de recherche liturgique, mais nous voulons veiller à
ne pas être seulement cela.
Nous
aimons y entendre régulièrement un écho des activités des groupes d’accueil ou
du service des droits de l’homme.
Nous
voulons mieux exprimer dans nos célébrations ce que nous vivons au Centre
pastoral, et surtout ce que nous vivons, les uns et les autres, là où nous nous
trouvons dans la semaine.
Nous
nous réjouissons qu’y soit reconnue la place des
enfants.
2.2 - Nous sommes heureux de nous retrouver mais nous voulons rester ouverts aux nouveaux venus : qu’ils se sentent discrètement et chaleureusement accueillis, mais non pressés à s’engager.
Notre
communauté est aussi un lieu de formation et de passage. Il nous paraît normal
et enrichissant que des arrivées et des départs aient lieu, chaque année.
Nous
veillons à garder des contacts réguliers avec d’autres communautés d’Eglise.
Nous
voulons être un lieu d’insertion dans l’Eglise, un lieu d’échanges et de
services, un lieu de recherche et d’expression de la foi, dans le respect des
autres, de leurs engagements et de leur parole. Ceci implique une grande
diversité dans les formes de présence et de participation.
2.3 - La proximité du Centre Pompidou nous invite à développer notre attention au monde contemporain et à la culture.
C’est
là une des tâches principales de l’accueil musical de chaque week-end.
3.1 - Nous pensons qu’il est impossible d’être chrétien et de ne pas défendre la justice entre les hommes, de ne pas prendre parti pour ceux dont les droits fondamentaux sont bafoués. Une action individuelle est importante mais insuffisante.
Nous
voulons que notre assemblée devienne :
-
Un lieu de collecte et de diffusion de l’information
sur la violation des droits de l’homme en France et dans le monde.
-
Un lieu où chacun puisse exprimer son indignation,
puisse lancer des cris d’alarme à la conscience, puisse se faire le
porte-parole des sans-voix.
-
Un lieu où des actions de solidarité puissent être engagées, en particulier avec les chômeurs et
les exclus de notre société.
-
Un lieu où soit attestée notre coopération de
chrétiens à la défense de la justice.
3.2 - le groupe « droits de l’homme » du Centre Pastoral existe ; nous voulons l’aider à se développer.
Nous
lui demandons de nous aider à réfléchir, à la lumière de l’Evangile, sur le
sens de ces engagements.
Nous
attendons de lui, que, de plus en plus :
-
Il informe la communauté sur la violation des droits
de l’homme dans le monde : l’événement doit être annoncé sans retard et
avec discernement.
-
Il offre un lieu d’échanges à ceux de la communauté
qui sont engagés au service des droits de l’homme dans d’autres structures,
confessionnelles ou non.
-
Il développe des liens avec les communautés
chrétiennes qui luttent dans ce sens.
4.1 - Dix ans d’expérience nous ont confirmé qu’il est fructueux et indispensable de travailler prêtres et laïcs ensemble au niveau d’une responsabilité pastorale. La vie de toute une communauté chrétienne en est profondément marquée.
Nous
voudrions que la communauté nous stimule tous à être responsable de l’annonce
de l’évangile, par notre façon de vivre, là où nous sommes habituellement.
A
partir de la richesse et de la diversité de nos expériences et de notre culture
d’hommes et de femmes du XXème siècle, nous voulons
creuser une recherche plus poussée de la formulation de notre foi, enracinée
dans la Bible et la tradition de l’Eglise. C’est là une forme importante de notre
responsabilité de laïcs.
Dans
le cadre des ateliers, dans celui des liturgies dont la préparation a une
grande importance, il nous paraît essentiel qu’une parole personnelle et libre
puisse être prononcée ; que tous gardent le souci de l’authenticité, de la
modernité ; qu’ils apportent des échos du monde où ils sont insérés.
4.2 - Nous estimons indispensable que quelques uns d’entre nous, pour un temps donné, dans la co-responsabilité avec des prêtres nommés par l’évêque, consacrent une part de leurs activités et de leurs talents à des responsabilités pastorales, jadis exclusivement exercées par des clercs.
Nous
trouvons important et signifiant que leur désignation soit faite par un mode
électoral, les candidats étant préalablement proposés par la communauté. Nous
souhaitons que cette responsabilité soit reconnue par l’évêque.
4.3 - Nous voudrions que beaucoup d’entre nous continuent à s’engager comme responsables, à tous les niveaux, des services et des tâches de la communauté.
Nous
souhaitons que, dans la vie de toutes les communautés chrétiennes, des laïcs
vraiment responsables prennent de plus en plus de place.
Nous
suggérons une rencontre diocésaine entre laïcs ayant des responsabilités au
niveau d’équipes pastorales, pour confrontation des expériences et des projets.